«J’aurais bien pu mourir»

Je ne m'expose à aucun danger.

Alex a passé une journée découverte sur un chantier. Mais au lieu de profiter pleinement de cette première expérience avec le travail, il a fini à l’hôpital. Tout comme lui, des milliers de jeunes sont victimes d'accidents du travail chaque année.

Siffler des femmes en petites robes, prendre le soleil toute la journée torse nu et choper du muscle sans aller au fitness: non, il ne s'agit pas des grandes lignes d’un reality-show américain débile qui serait diffusé en Suisse. En fait, c’est comme ça qu’Alex s’imaginait sa journée découverte sur un chantier à Bâle. Et il avait hâte d’y être.

Le jeune homme de 15 ans est arrivé hyper motivé et plein de zèle sur son lieu de travail d’une journée. Après une brève présentation et quelques informations sur le travail (mais où sont les femmes sexy?) Alex a dû enfiler un casque de chantier, un gilet de sécurité et des gants de protection avant de se mettre au boulot.

«J’étais comme paralysé»

L’ado, qui n’avait aucune expérience du métier, a dû effectuer des tâches normalement confiées aux ouvriers ayant les connaissances nécessaires. Et même s’il recevait des ordres des autres hommes et que le ciel était gris, Alex était à l'aise sur le chantier. «Je me sentais important et très adulte», raconte-t-il.

Alex faisait ce qu’on lui demandait, suivait les instructions du formateur, jusqu’au moment ou il a été stoppé net... non, pas par l’arrivée d’une superbe belle femme sur le chantier. En réalité, le jeune homme a pris un coup de jus en changeant une pompe à eau qui coulait sur des câbles.

«Je suis resté comme paralysé pendant un instant. Ma première pensée était «Merde, c’était quoi ça?», se rappelle Alex. Le jeune étudiant tentait de se remettre de sa frayeur, mais personne autour de lui ne semblait avoir remarqué quoi que ce soit. Alex n'a rien dit. Il a continué à travailler comme si de rien n’était, de peur de passer pour une mauviette.

La honte l’empêchait de parler

«J’avais honte de parler.» Alex pensait détruire ses chances de décrocher une place d’apprentissage s'il mentionnait l'accident. Il ne se sentait pas bien, mais le gardait pour lui. «Ce n'est qu'une fois à la maison que j'en ai parlé». Soit quatre heures après les faits. Son père l’a tout de suite emmené aux urgences de l’hôpital le plus proche. «Les médecins m’ont examiné sur-le-champ. Ils m’ont fait passer un ECG, mais non pas trouvé de battements de coeur anormaux», confie Alex. Heureusement pour lui. Parce que sa journée découverte si innocente aurait pu connaître un dénouement tout autre. «J’ai eu beaucoup de chance. J’aurais pu mourir, je m’en rends compte maintenant.»